Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/229

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quoi me cacherait-on la vérité, avec tant de soin, s’il n’y avait pas, dans toute cette aventure, quelque abominable complication, quelque histoire de viol… de crime ?… »

Et il pensait en frémissant à sa mère dont madame Cheverny avait dit un jour : « Elle me ressemblait un peu… »

« Et moi, se disait-il, est-ce que je lui ressemble ? Mes camarades prétendent que j’ai des yeux de femme… à cause des cils… Ces yeux bleu vert, ombragés, très féminins, ce sont peut-être les yeux de ma mère… »

Et il pensait encore :

« M’a-t-elle connu, m’a-t-elle aimé ?… Elle est morte tout de suite après ma naissance. Était-elle heureuse ou malheureuse, quand elle m’attendait ?… Malheureuse, sans doute… Oui, trompée, abandonnée… Il y a des femmes qui meurent de l’abandon… »

Une colère généreuse gonflait son cœur. Il invoquait la morte :

« Oh !… si c’était vrai !… Si c’était là le grand secret, la « triste histoire » qu’on me cache !… Il fallait vivre, malgré tout ! Je t’aurais chérie, moi, je t’aurais vengée ! Nous