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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/230

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nous serions bien aimés tous deux, ma pauvre maman… »

Son imagination, lancée sur cette piste, ne s’arrêtait plus. Il voyait, il vivait mille drames… et il pleurait d’horreur et de pitié.

Un soir de septembre, il était avec son parrain et sa marraine, sur le pont de Beaugency. Tous trois revenaient d’une promenade, et les Cheverny allaient repartir.

L’eau d’argent sous le ciel d’argent reflétait les îles sablonneuses avec leurs peupliers blanchâtres et la ville aux toits étages que dominent le petit clocheton de la cathédrale et le carré massif de la tour romaine.

L’automne était si précoce que des triangles d’oiseaux migrateurs filaient déjà vers le sud. Leurs cris, tombant de si haut, accroissaient la grise mélancolie du paysage et de l’heure. Madame Cheverny, appuyée au parapet, suivait le vol inégal des bergeronnettes qui nichent dans les roseaux et les saules, contre les arches du port. M. Cheverny s’était éloigné de quelques pas, avec Robert.