Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/242

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Ils marchaient côte à côte, sous les charmilles du Mail. Le soleil, doux et dédoré, filtra les déchirures des nuages, et toucha les rameaux crucifiés des tilleuls dans l’épaisseur des frondaisons. La lumière et l’ombre jouèrent sur les troncs rugueux, sur le sol verdi où persistaient des flaques brillantes.

Déserte à cette heure matinale, la noble avenue allongeait ses quatre murs de feuillage fauve dont la perspective se rétrécissait jusqu’à l’ogive azurée et vaporeuse qui était un lointain paysage de plaine, de fleuve et de ciel.

Il y avait, sur la droite, une échappée entre les maisons, puis le grand mur du cimetière de Beaugency. Robert apercevait le haut des chapelles, les croix de pierre, les fuseaux sombres des cyprès. Une vieille femme en deuil, serrée dans son châle, son crêpe fripé découvrant un visage de momie, tourna l’angle de la ruelle qui conduit à la grande porte. M. Lebon et Robert la saluèrent…

Le notaire expliqua :

— C’est la veuve Ricot, tu sais bien… Son mari est mort l’hiver dernier, et, depuis, chaque matin, après la messe, elle va faire le ménage