Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/244

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fleuve, puis ils suivirent un chemin de halage qui doublait la berge. Le ciel s’éclairait au loin, sur l’immense Sologne plate, d’un vert vif et marécageux.

Robert songeait…

Maintenant, Robert est seul dans le salon. Il attend, la gorge serrée, les mains tremblantes, les jambes molles… Ses yeux ne quittent pas la pendule de marbre où un Socrate en bronze boit la ciguë. Un rayon frileux touche les franges des rideaux compliqués, les rosaces rougeâtres du tapis. Le jeune homme va de la fenêtre à la cheminée, de la cheminée au canapé de velours grenat. Il s’assied, se lève, marche, et, par moments, s’arrête, debout, le regard perdu, l’âme absente.

Madame Cheverny est arrivée.

Entre l’oncle Bon et la tante Belle qui ont voulu l’accueillir, seuls, à la gare, et la ramener, elle refait le chemin qu’elle faisait avec son mari naguère. Robert la voit, en esprit, telle qu’elle sera, tout à l’heure, dans le cadre de la porte