Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/25

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écrue — il conserve un air d’élégance et de bonne grâce… Pauline pense :

« Comme il a peu changé, depuis notre mariage ! »

Et elle regrette qu’il ne soit pas vieux, tout à fait vieux… Un peu de rancune se mêle à l’involontaire admiration qu’elle éprouve… Pourquoi les gens paisibles, les sages, qui économisent leur capital de forces, vieillissent-ils plus vite que les grands ambitieux et les grandes amoureuses ?… Ce n’est pas le chiffre de l’âge qui fait la jeunesse, c’est la puissance vitale, la faculté merveilleuse du renouvellement, la tension de la volonté sans défaillance… Céder, renoncer, c’est vieillir… Pauline, qui renonça, se sent presque vieille auprès de cet époux quadragénaire, jamais las d’aimer, de jouir, de souffrir, de créer… Et elle soupire :

— Georges ?

— Mon amie !

— Qu’as-tu ?

— Moi… Rien ! Je contemple ce salon, et je pense, une fois de plus, que ton tapissier est bien coupable… Je serais malade si je devais