Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/26

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m’enfermer ici, parmi les soies et les dorures, les festons et les astragales.

— Dis tout de suite que je n’ai pas de goût.

— Tu n’as pas mon goût… mais je ne te reproche rien, ma chère Pauline. Je plaisante… Tu n’aimes pas Roncières ; tu y meurs d’ennui… Je suis charmé que tu possèdes au moins un refuge, comme j’ai le mien… Tu as voulu un refuge doré. Tant mieux ou tant pis pour toi !… Je t’ai laissée libre. J’ai désiré que tu aies toute satisfaction… Seulement, je regrette le bon vieil acajou, et la pendule, et la soie bleue des rideaux.

— Des rideaux fanés !

— Ils étaient charmants… Les choses, même médiocres et disparates, s’harmonisent quand elles vieillissent ensemble…

— Comme les gens ?

— Oh ! les gens !… C’est tout le contraire, pour les gens ! Quand ils sont disparates, le temps exagère leurs dissemblances…

Il a parlé trop vite… Pauline, blessée, se détourne, et dit avec un peu d’aigreur :

— Mon salon aura, dans vingt ans, quelques chances de te plaire, mais moi…