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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/252

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— Ta…

— On l’a abandonnée… quand j’ai dû naître… et elle en est morte… C’est cela !… c’est bien cela !… Pourquoi ?… comment ?… Les détails, les circonstances, le drame, je l’ignore… mais je sais que ma mère a été la victime…

Madame Cheverny proteste violemment.

— Non !

— Mais…

— Non !… ne dis pas ça !… ce n’est pas vrai !… Ton père…

Il s’est redressé sur un genou ; il regarde la veuve, comme elle le regardait tout à l’heure, jusqu’au fond des yeux, jusqu’à l’âme.

— Ton père…

Elle répète ce mot, comme pour elle-même, et elle en garde, sur sa bouche flétrie, une sorte de tendre douceur, presque un sourire… le sourire pâle et fugitif d’une femme qui va pleurer… Mais elle ne pleure pas…

Robert contemple sur cette bouche la forme évanouie du mot sacré… Il lui semble qu’il s’est enveloppé de voiles innombrables qui se défont et qui tombent, un à un… qui tombent…

— Ton père… il n’était pas libre… et elle non