Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/253

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plus… c’est-à-dire… elle était veuve, mais elle avait deux enfants… et lui était marié. Sa femme vit encore. Deux familles… des devoirs contraires… Ah ! tu sauras, plus tard, quel bagne peut être le mariage !… On voudrait s’évader… on ne peut pas… les chaînes sont rivées… si lourdes !… Le divorce même ne les romprait pas… Alors on est faible… on accepte des compromis… C’est la faute, cela, vois-tu, la vraie faute !… Mais la faute n’est pas dans l’amour… Je ne peux pas… je devrais peut-être !… mais je ne peux pas te dire que la faute est dans l’amour… Quand une femme rencontre un homme tel que ton père, et qu’elle en est aimée, eh bien ! elle a beau raisonner, lutter, se rattacher à ses enfants, elle ne peut pas s’empêcher d’aimer… Et quand un fils naît, de cet amour, elle ne peut pas regretter sa naissance… Souffrir… soit !… elle accepte… C’est la rançon… Elle paie cet immense bonheur d’aimer, que le monde déteste, condamne, insulte… parce qu’il l’envie… Elle est torturée dans ses autres tendresses, torturée dans son enfant qu’elle cache, comme une honte… Ah ! quel martyre !… Vivre pendant des mois, avec mille angoisses, sans soins… sans confi-