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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/267

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Franckel la soignait sans fatigue et supportait sans dégoût la ménagerie vénérable et puante qui remplissait les corridors et le salon.

» Je quittai le pays ; je voyageai ; Franckel m’écrivit quelquefois ; puis ce fut le silence, l’oubli provisoire… Notre amitié d’enfance n’était pas morte ; mais, privée de cette nécessaire chaleur qu’est la présence réelle, elle s’était endormie, comme une marmotte, et elle hibernait…

» Je me rappelais pourtant, de loin en loin, la Pierre-qui-vire, le salon meublé d’acajou et tendu de soie verte à couronnes, les vieux chiens et les vieux chats sur le tapis, madame Franckel dans son fauteuil à têtes de sphinx, et mon ami Gérard, si blond, si pâle, si paisible, un livre à la main, un livre dans sa poche, un pupitre à musique près de lui. Un jour, ma tante Lepreux, d’Avallon, m’annonça le mariage de Gérard. Il épousait une jeune fille allemande, institutrice au château de Belleroche.

» Il l’avait connue, par hasard, comme elle herborisait dans les bois avec ses petits élèves. C’était une fille bien élevée, catholique pratiquante, et musicienne accomplie. Ma tante