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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/276

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que je faisais à cette table, entre ces deux hommes dont un, au moins, était fou… Le docteur Claymore était un homme mûr, roux et gris, aux yeux perçants, à la voix douce. Son léger accent n’était pas désagréable. Il n’avait point la mine d’un « fumiste » ou d’un toqué… Et cependant !…

» La présence du docteur avait ranimé Franckel. Malgré les yeux pâles trop brillants, et les rides précoces des tempes, et la cendre argentée des cheveux, je reconnaissais le jeune homme d’autrefois, le singulier châtelain de la Pierre-qui-vire.

» Tout en buvant ce vin sec et pailleté qu’on appelle Liebfraumilch, nous causions… Claymore répétait ces histoires de télépathie et de matérialisation que Crookes et Flammarion ont répandues et que nous avons écoutées tout à l’heure… Sa conviction réelle ou simulée gagnait Franckel, et moi-même, un peu troublé par le cadre, le vin du Rhin, les propos bizarres de ces deux hallucinés, je subissais une secrète contagion mentale…

» Les bougies des lustres avaient diminué de moitié, la table était desservie, et, sur l’ordre