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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/42

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chez l’artiste, est à la fois une grâce et un péril. L’homme qui fait de son art une coquetterie suprême, un moyen de plaire et d’être aimé, devient le jouet des hasards, la flamme livrée aux quatre vents, dont on ne sait jamais si elle va briller ou s’éteindre.


Vers la mi-janvier, monsieur et madame Clarence s’installèrent à Paris.

Georges se remit au travail, laissant à Pauline le soin d’arranger leur nouveau nid. Il possédait quelques vieux meubles, assez beaux, quelques toiles ou gravures qui composaient un décor sans luxe mais adapté à ses goûts et à ses habitudes. Pauline eut bien vite fait de gâter cet ensemble trop simple par la surcharge des ornements, des bibelots et des draperies. Ce fut l’origine des premiers désaccords conjugaux, et, comme toujours, la femme triompha. Le grand cabinet de travail devint un salon ; les petits meubles « modem style », les abat-jour Empire, les cadres pyrogravés, les coussins, les bibelots s’accumulèrent, et Clarence dut se réfugier dans une chambre, sur la cour, avec sa vieille table, son vieux piano, son