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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/43

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vieux bahut-bibliothèque. Là, il put recevoir les camarades de jeunesse qui n’étaient pas admis aux honneurs du salon, et que Pauline appelait dédaigneusement « la bohème », parce qu’ils manquaient, prétendait-elle, de tenue et d’éducation.

Les amis de Georges comprirent qu’ils gênaient madame Clarence et peu à peu ils espacèrent leurs visites. Georges en fut attristé… Il essaya d’expliquer à Pauline que ces jeunes gens n’étaient pas des bohèmes ; qu’ils portaient des vestons de velours et des feutres mous parce que ces vêtements économiques ne leur semblaient pas désagréables ; qu’ils travaillaient durement tout le jour et payaient leur propriétaire dès qu’ils avaient un peu d’argent ; qu’enfin, c’étaient des « types très calés » et de « braves types », bien plus « chic » que les gens du monde, et qui aimaient la musique, même sans la comprendre, par instinct d’artistes et de tout leur cœur ingénu. Pauline resta méfiante. Il lui semblait impossible que ces hommes ne fussent pas des exploiteurs qui s’installaient le soir chez Georges pour boire gratis la bière fraîche, fumer gratis les