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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/44

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bons cigares et, sans doute, emprunter de l’argent !

— Tu n’as pas besoin d’eux, et ils ont besoin de toi, disait-elle. Tu perds ton temps à bavarder. Travaille !

Il voulait travailler, certes, et secouer cette légère torpeur qui le gagnait depuis son mariage. Déjà, seul avec Pauline, il s’ennuyait. « Je lui ai tout dit ; elle m’a tout dit, et la matière de nos entretiens ne se renouvellera pas si vite », pensait-il. Pourtant, il croyait aimer sa femme ; il la voyait encore en beau, avec ses yeux de jeune mari. Elle aussi l’aimait, à sa façon, disposant elle-même la lampe, les pantoufles, le fauteuil au coin du feu, méditant sans cesse la surprise d’un petit plat pour le dîner.

— N’es-tu pas heureux de m’avoir ?… Comment vivais-tu, autrefois ?… Tu mangeais au restaurant. Ta concierge raccommodait tes habits… Hein, quelle différence ! Tu es soigné, tu es gâté : un vrai coq en pâte !

Cette expression de « coq en pâte » et quelques autres du même genre, qui étaient familières à Pauline, agaçaient Georges cruellement. Il était simple, dans ses manières et dans son