Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/45

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langage, et il avait parfois le mot drôle, vif et cru, mais la vulgarité lui était odieuse. Pauline, jeune fille, en province, avait une réserve apprise, une sage froideur de demoiselle bien élevée qui simulait la distinction. Maintenant, elle ne se surveillait plus ; elle se révélait plus que banale, un peu commune.

— Quoi, répondait-elle, lorsqu’il lui donnait un conseil timide, veux-tu m’apprendre à parler ? Je suis aussi bien élevée que toi et beaucoup mieux que tes camarades… D’ailleurs, j’ai mes brevets et tu as été refusé à ton bachot !

Vers la fin de l’année, Georges terminait une Symphonie et Pauline accouchait d’un fils. Clarence accueillit ce premier rejeton avec un enthousiasme modéré, car la certitude de revivre dans son enfant le touchait moins que l’espoir de survivre dans son œuvre. La jeune mère fut blessée de cette indifférence et témoigna fort aigrement son chagrin.

— Que veux-tu ? dit Georges… il faut que je m’habitue… Le sentiment paternel n’est pas un instinct… Fais-moi crédit. Je ne suis pas dénaturé. Je l’aimerai plus tard, ce gosse…