Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/66

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Ils n’en dirent pas davantage cette fois-là. Ce fut la douce période de l’entente secrète, des demi-mots, des faveurs furtives… Et, sans l’avoir prémédité, un soir, ils se donnèrent l’un à l’autre très simplement, et ils comprirent, après, qu’ils n’avaient pas mesuré encore toute leur tendresse.


La saison théâtrale achevée, Georges ne repartit pas. Il s’était réfugié avec Béatrice dans une villa près de Tivoli, une très ancienne villa peinte à fresque, pavée de mosaïque, ornée de rocailles… Un petit jardin, sous la terrasse à double rampe, dominait le ravin du Teverone. Le bruit des cascades couvrait la plainte légère des jets d’eau. Dans les salles fraîches, de beaux meubles montraient leurs formes cintrées, leurs marqueteries de citronnier représentant des fleurs, des paysages, des trophées champêtres. Les rideaux de damas groseille avaient pâli sous les guirlandes de bois doré. Et partout, il y avait des instruments de musique, violons de Crémone, signés de noms illustres, guitares, clavecins, théorbes, violes d’amour…

Georges aurait dû craindre que son imagi-