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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/67

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nation ne dupât son cœur. Qu’avait-il aimé, dans Pauline, sinon la poésie du foyer, le secret virginal, la douceur d’un printemps de France ? Qu’aimait-il, à présent, dans l’Alberi ? Était-ce Parisina, était-ce la splendeur triste et la volupté de Rome, était-ce l’Alberi elle-même ? Peut-être se fût-il posé la question s’il avait été, ainsi qu’autrefois, trop sensible à la beauté des choses, mais il n’en recevait que des impressions confuses et demeurait aveugle et stupide, et comme ébloui au dedans… Ce beau jardin, tout d’argent et d’obscure émeraude, avec ses oliviers pâles et ses cyprès, avec ses eaux vives et ses eaux dormantes, ce noble paysage aux lignes sèches, aux fonds précis, Clarence, qui les voyait chaque jour, n’aurait su les décrire. Seul, avec Béatrice, dans une affreuse maison de banlieue parisienne, parmi les terrains pelés et les cheminées d’usine, son bonheur n’eût rien perdu en magnificence et en délicatesse.

Il comptait trente-cinq ans et l’Alberi vingt-neuf. Dans ce plein été de leur jeunesse, ils apportaient l’un à l’autre des âmes mûres, un long