Aller au contenu

Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’y pensait guère : elle avait un cœur facile à la pitié, des instincts bons et droits, mais élevée hors de la famille, dans un monde aventureux, elle ne soupçonnait pas la force des principes moraux, l’existence même des préjugés et des contraintes sociales.

Et Georges, malgré son origine bourgeoise et son éducation, n’était guère moins anarchiste qu’elle. Les problèmes philosophiques ne le tourmentaient pas, et les raisons sentimentales agissaient presque seules sur sa conscience. Faire le mal, pour lui, c’était « faire du mal ». Il ne croyait pas qu’en aimant Béatrice, il fit du mal à Pauline dont il n’était pas aimé. Pitoyable à la blessure du cœur, il avait peu de compassion pour la blessure de l’amour-propre.

— Si les choses ne s’arrangent pas, nous divorcerons. C’est bien simple. Je laisserai à Pauline la fortune et les enfants. Ils sont à elle plus qu’à moi. Nous referons notre vie.

Ses enfants ! il les aimait bien ; mais, éloigné d’eux depuis cinq mois, il n’était pas torturé par la nostalgie de leur présence. Les sentiments familiaux, nés de l’habitude, et