Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/91

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encore… Elles sont décachetées… Tu les as lues ?… Rien de nouveau ?… Tant mieux…

Et vite, il s’en allait, près de la fenêtre, dans l’ardeur et la clarté de midi ; vite, il dépliait les feuillets minces, et la chère écriture le faisait pâlir, tout à coup, comme une caresse trop aiguë, comme un baiser trop appuyé. Le soleil et les paroles amoureuses l’enveloppaient d’une même volupté chaude qui s’insinuait dans ses veines, dans son âme… Il avait pu douter ?… Il avait pu souffrir d’un autre mal que du grand mal de l’absence ?… Il riait de lui-même, à présent : « Suis-je bête, mon Dieu !… Suis-je bête !… Tout comme aux premiers temps… Je n’ai pas changé !… Béatrice chérie !… très chérie !… » Il lisait… Un mot, parfois, entre autres, lui donnait un choc léger, voluptueux, au creux de la poitrine ; ses yeux se troublaient ; il serrait la feuille frêle entre ses doigts ; il en respirait l’arôme, — et la certitude toujours nouvelle d’être aimé, l’attendrissait doucement, doucement, jusqu’aux pleurs…

« … Dix jours encore… Tu me retrouveras aussi tendre, aussi passionnée de toi que dans notre chambre de Tivoli, — moins jeune, hélas !