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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/248

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nos minces mérites, auprès des grands sentiments que vous niez ?… Ah ! madame, j’ai deviné votre pensée…

Elle souriait ; elle reprit doucement :

— Je puis être une vraie amie, sûre et fidèle, et je veux que vous me quittiez persuadé de ma sincérité. D’abord, je vous avouerai que je hais les coquettes et que je suis complètement inhabile aux petits manèges du « flirt ». Les braves garçons, un peu naïfs, un peu fats, qui ont tenté de me convertir en ont été pour leur courte honte… Je ne suis ni tout à fait femme ni tout à fait Parisienne sous ce rapport ; un compliment m’est désagréable comme une maladresse ; une déclaration me blesse comme une injure… Je suis bien mal organisée, j’en conviens ; je n’existe pas pour l’amour. Et quand je me plaignais du petit nombre de mes affections, vous n’avez pas pensé que je n’avais pas d’enfants, pas de famille… Oui, ni père, ni mère, ni frères… et pas même un bébé sur les genoux !… Je suis seule, toute seule…