que ça discréditerait le pays devant les pensionnaires étrangers. On nous servit un potage aux moules, l’inévitable macaroni, des boulettes de viande hachée, une salade verte et dure, des oranges grosses comme des boulets et de petits pots d’une crème brune que Salvatore nous recommanda…
— C’est exquis… la friandise purement napolitaine… Sanguinaccio… Goûtez, madame, goûtez !
Il m’offrait la becquée avec une petite cuiller. Je m’informai prudemment.
— Qu’est-ce que c’est le sanguinaccio ?
— Une crème de chocolat, cannelle et sang de cochon.
Du boudin au chocolat ! Le cœur me lève… Je remercie le bon Salvatore qui continue de sourire, la cuiller à la main. Une orange me suffira.
Mais que vois-je ?… Papa, oui, papa, qui attaque le pot de sanguinaccio et qui goûte l’horrible mixture… Il ferme les yeux, réfléchit :
— Il ne faut pas avoir de sots préjugés quand on voyage, Marie ! Cette crème, eh bien, ce n’est pas mauvais du tout !
Papa, lui si gourmand, lui si difficile, lui qui fait trembler nos cuisinières, à Pont-sur-Deule !… Il a mangé des kilomètres de macaroni ; il a bu