Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/130

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ce paysage qu’il ne verra pas, et par ces gens qu’il n’aimerait pas !… Oublier les absents, n’est-ce pas les tuer jusqu’à ce que le souvenir les ressuscite ? La promenade, la causerie, la musique, ont interrompu le miracle qui rend sensible au cœur une mystique et perpétuelle présence. Marie a le remords d’une petite infidélité, d’une faute commise « par omission ».

Elle recule son fauteuil, et, d’un mouvement de tête, évite la clarté de la lampe que Salvatore vient d’allumer. Les roses tombent de sa ceinture à ses genoux, et Marie les laisse glisser et s’effeuiller à terre. Elle recroise son écharpe, et il lui serait bien agréable qu’Angelo ne la regardât plus.


Santaspina joue un refrain populaire. Salvatore chante, et par instants Angelo fredonne la reprise, à la tierce ; Marie n’écoute pas. Avec le souvenir de Claude, la tristesse inquiète et douce est revenue…

— Nous abusons de votre bonté, donna Maria ? Voulez-vous retourner à Naples ? dit Salvatore… Oui, n’est-ce pas ?… Eh bien, nous vous accompagnons. Gramegna prendra le tramway avec nous, et il ira jusqu’à la station, parce qu’il rentre coucher à Pompéi… C’est à Pompéi qu’il habite, et qu’il travaille…