Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/132

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— Mais quelle idée !… je peux bien travailler à Naples, dit Angelo qui parut contrarié.

Santaspina et Gramegna partirent, sans attendre leurs camarades. Salvatore emmaillota ses ébauches, remit en place les petits bronzes, posa enfin sa blouse d’atelier. Comme il sortait, avec Angelo et Marie, on entendit le grincement du tramway qui filait vers Naples…


Marie proposa de marcher jusqu’à la station prochaine.

À son passage, sur la route, les voisins de Salvatore manifestèrent une curiosité sympathique. Les frères di Toma étaient si connus ! On les aimait tant, Salvatore pour son grand cœur et Angelo pour son beau visage ! C’était un plaisir de les voir, escortant cette blonde — une étrangère, peut-être une miss, venue de Londres ou de Chicago, excentrique, richissime… et amoureuse !

Amoureuse de qui ?… De Salvatore ou d’Angelo ? Les commères, assises devant les portes, n’avaient pas le moindre doute… Elles murmuraient : « Quant’e carina ! » assez haut pour qu’Angelo les entendît. Et les repasseuses qui travaillent derrière leur croisée, en camisole, la joue droite toute rouge d’avoir tâté la chaleur du fer, envoyaient à Marie un regard complice et