Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/166

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la salle à manger qui forme un pavillon détaché, vert de clématite grimpante ; et le jardin où de grands eucalyptus versent une ombre aromatique sur une exèdre de pierre.

Ce matin-là, quand Wallers, Angelo et Marie entrèrent dans la salle à manger, la plupart des pensionnaires attaquaient déjà la zuppa alle vongole qui est une agréable soupe aux coquillages.

La plus longue table était occupée par les barbares de l’extrême Nord, fils de Vikings, grands et forts comme des ours, et dont les cheveux et les barbes présentaient toutes les variétés du blond. Presque tous étaient peintres. Leurs femmes, hautes sur jambes, chair de lait, tresses de lin, marquaient un goût regrettable pour le costume-réforme, les brassières de bébé ; les robes sans ceinture et de couleur verte ou violette.

La seconde table, plus petite, était réservée aux archéologues. L’Allemagne et la France y fraternisaient, non sans quelque réserve. M. le docteur Hoffbauer, vaste personnage au teint de jambon, au nez trop petit, au rire énorme, chevelu d’un chaume raide et roussâtre, représentait la culture germanique. Excellent homme, malgré la pédanterie nationale, un peu gaffeur, très pacifique au fond, il portait sa moustache retroussée comme celle du kaiser, mais cette