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Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/323

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Il faut être égoïste quand on veut être heureux.

Marie essaie, maladroitement, avec un reste de remords…

Elle ne pleure plus ; elle se persuade qu’elle est très contente ; mais elle ne peut dormir. Ses nerfs vibrent comme des cordes, son cœur bat d’un rythme irrégulier, et elle sent un poids au creux de sa poitrine… Les angoisses, les doutes vont-ils revenir ? Ah ! faible Marie qui se croyait si forte !… Saisie d’une peur enfantine, elle cherche un refuge, un secours… Elle appelle sa cousine endormie…

Isabelle ne répond pas… Alors, Marie se lève et ouvre la porte qui fait communiquer les deux chambres… Dans le crépuscule matinal, elle aperçoit le lit intact, avec l’oreiller gonflé et la couverture rabattue…

Elle comprend… Un éclair a traversé sa mémoire, et c’est dans tout son être, physique et moral, une étrange révolution… L’image du couple enlacé, la brutale réalité physiologique agit comme un moxa sur l’âme engourdie et enivrée d’amour… Marie se reconnaît instantanément, à la révolte de sa fierté, à cette honte qui lui fait cacher sa figure dans ses mains, comme si elle participait à la faute et à la souillure d’Isabelle… Angelo !… Ce fantoche !… ce bel-