Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/74

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ment ; il tape jusqu’à la mort de l’adversaire… Et comme il est, au fond, un primitif, encore près du barbare, il est sincère et point comédien. C’est pourquoi il manque de finesse et d’élégance… Tandis que les gens du Midi, plus civilisés, je vous l’accorde, mêlent du cabotinage à toutes leurs émotions… Rappelez-vous le descendant des barons Atranelli qui trouvait en mon oncle Wallers « un second père ».

— Il est tout de même gentil, dit Isabelle. Et elle revoyait Angelo haletant, désolé, brandissant ses violettes inutiles.

Marie fit observer que les mêmes causes peuvent produire des effets contraires et que la Flandre des kermesses est aussi la Flandre des béguinages. Les âmes qui ne s’épanchent pas au dehors, qui trouvent autour d’elles la monotonie, la platitude, la laideur utilitaire et la jouissance brutale, se réfugient dans la paix domestique ou dans la mysticité. Et elle cita la vieille madame Vervins qui édifiait par ses vertus les béguines de Courtrai et qui écrivait ses rêveries et ses visions comme Lydwine ou Ruysbrœck l’admirable.

Isabelle croyait madame Vervins un peu folle.

— J’ai cessé d’aller la voir. Elle m’ennuie et je la scandalise.

Mais Marie et Claude vénéraient madame Ver-