Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/98

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qui vous tourmentent ? Vous désirez que je quitte Naples et que j’aille à Pompéi ? Hélas ! je ne saurais vous satisfaire. Il pleut à torrents depuis une semaine : il pleut comme il a plu à Sienne, à Pise, à Rome, comme il pleut sans doute en Flandre. Et papa, désolé, ne veut pas que Pompéi, enlaidie par les averses, le brouillard et la boue, me déçoive comme Naples m’a déçue…

Je n’ai pu vous écrire hier, car je n’ai pas eu un instant de solitude et de silence. Aujourd’hui, papa est allé chez la duchesse d’Andria qui est une femme exquise et un écrivain de talent. S’il s’arrête, au retour, chez Mathilde Serao, je ne le reverrai qu’à la nuit, car la romancière du Pays de cocagne l’intéresse passionnément. Je n’accompagne pas mon illustre père. La fatigue est un bon prétexte pour excuser ma sauvagerie.

Vous voulez des détails précis sur les gens et les choses… J’essaierai de vous contenter, parce que je vous aime beaucoup — et même beaucoup trop ! — quoique je ne sache pas vous le dire…

Prenez le plan de Naples, celui du Baedeker que nous avons acheté ensemble à la gare de Lille et que je vous ai laissé afin que vous puissiez me suivre, jour par jour, kilomètre par kilomètre. Cherchez le quai Caracciolo. J’habite là, tout près de ce grand jardin public qu’on appelle la Villa Nazionale. C’est le quartier des étrangers, vide