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LA MAISON DU PÉCHÉ

race des Ghanteprie, race obstinée et violente qui s’enferme dans sa foi comme dans une prison, et, roide d’orgueil sous le cilice, sut disputer, combattre et souffrir.

Et lui, que serait-il, que ferait-il ? La France se passionnait-elle encore pour des controverses théologiques ? Pouvait-on défendre la foi par l’épée, comme Simon de Hautfort, ou par la plume et la parole, comme Gaston de Ghanteprie ?… Écraser l’hérésie, gagner des âmes, connaitie Dieu et le faire connaître, l’aimer et le faire aimer, c’était l’ambition naïve, le grand rêve qu’Augustin de Ghanteprie avait avoué à son confesseur…

Une étoile brillait. Des vitres s’illuminèrent. Par le chemin qui contourne l’escarpement du donjon, un homme s’avançait. Il longea le mur de la terrasse et s’arrêta devant la porte charretière. Le heurtoir de bronze retentit.

— Maman, dit Augustin un peu troublé, c’est M. Forgerus.