Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/175

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Un dimanche, après la grand-messe, Mlle Cariste rentra chez elle tout émue. Elle cria, dès le seuil :

« Mon frère, viens vite ! Un malheur… M. de Chanteprie… »

Le capitaine, dans la petite cour, nettoyait le clapier. Il s’élança dans le salon, tenant par les oreilles un petit lapin qui gigotait.

« Augustin est mort ?

— Plût à Dieu qu’il fût mort ! »

M. Courdimanche lâcha la bête, qui se fourra sous les franges du canapé.

« Que dis-tu, ma sœur ?

— Monsieur de Chanteprie est perdu pour nous, pour sa pauvre sainte mère, pour la religion. Il quitte Hautfort-le-Vieux, avec la créature.

— Comment le sais-tu ?…

— Mlle Piédeloup a su de Mlle Perdriel que M. de Chanteprie avait commandé au Bazar Parisien une malle d’osier, doublée de toile cirée, à compartiments… Ce n’est pas pour voyager de Neauphle à Rouvrenoir, je suppose… Autre fait, plus grave : la créature est au Chêne-Pourpre depuis mardi. La veuve Giloux l’a vue entrer dans le jardin des Chanteprie, par la petite porte. Elle va rejoindre Augustin chaque soir… (Le visage de Mlle Courdimanche se couvrit d’une chaste rougeur…) Elle passe les nuits au pavillon.

— Et quand même !… cela ne prouve pas…

— Elle a déclaré, – Mlle Perdriel le tient de la mère Testard –