Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/33

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Le chien aboya, tirant sur sa chaîne, avec un grondement furieux, et la mère Testard, inquiète, sortît de la cabane aux lapins. Elle aperçut une jeune femme qui essayait d’ouvrir la porte de la cour, – quatre ais disjoints retenus par une barre transversale. Le loquet résistait, le chien hurlait, et sur la route du Chêne-Pourpre, toute blanche de soleil, une vieille dame agitait son ombrelle et criait :

« Fanny ! prends garde !… Il est féroce, ce chien !

— Féroce ?… Il fait son métier de chien et je l’estime ! N’ayez pas peur, ma tante, il ne nous mangera pas. »

La mère Testard, sabots claquants, s’élança parmi les volailles éperdues. La porte céda, le chien se tut, et les deux femmes entrèrent. C’étaient des « Parisiennes » : pour la mère Testard, tous les gens bien habillés étaient des Parisiens. Une voilette de dentelle cachait la figure de la plus jeune. La plus âgée avait un petit visage tout en rides, amusant et fatigant par sa mobilité. Elle portait un sac de nuit, un face-à-main, une ombrelle, et tous ces objets, secoués, heurtés, entrechoqués sans cesse, menaçaient la mère Testard, qui recula.

« Quoi que vous demandez » ?

— Je veux voir M. de Chanteprie.

— M. de Chanteprie ? Il n’est pas ici.

— Que me disait donc le facteur ?… Il m’a envoyée ici… C’est pour la petite maison, vous savez ?

— Oh ! madame vient pour acheter les Trois-Tilleuls ?… Si madame veut entrer un moment et se reposer ?… Not’maître doit