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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/45

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faiblesse surtout, lui donneront des armes mystérieuses dont vous éprouverez la puissance.

« Voilà pourquoi je demande à Dieu qu’il vous donne la grâce de clairvoyance et la grâce de force. Je le prie ardemment de bénir votre mariage, afin que ce mariage accroisse vos mérites en assurant votre bonheur. Demeurez éloigné de la passion autant que de l’égoïsme. Et si vous trouvez dans votre épouse une foi chancelante et mal instruite, alors, ô mon enfant, affermissez-la, éclairez-la, par la parole, par l’exemple, par une sollicitude de chaque moment. Saisissez cette âme avec une sainte violence : triomphez d’elle pour la sauver, emportez-la par les chemins de l’éternelle vérité jusqu’à la vie éternelle. Apprenez-lui, apprenez au monde ce que peut l’amour d’un chrétien… »

« Voilà de belles et sages paroles qu’il faut méditer, dit Mme de Chanteprie. Si votre choix tombait sur une personne dissipée, mondaine, et qui ne fût pas sincèrement attachée à notre sainte religion, je m’opposerais de tout mon pouvoir à votre mariage. Mais puisqu’on dit tant de bien de ces Loiselier… »

Augustin se mit à rire :

« Ah ! ma chère mère, où irais-je prendre une personne « mondaine et dissipée » ? Il faudrait donc qu’elle vînt me chercher ici !… Et c’est peu probable… Mlle Cariste et son cousin Chavançon ont grande envie de marier Mlle Loiselier. Ils ont pensé que je ferais volontiers, comme Racine, un de ces mariages où l’intérêt et la passion n’ont point de part, un mariage de raison, de sagesse… Et puis, vous le savez, quand bien même Mlle Loiselier serait riche et jolie à éblouir, je ne me marierais pas sans votre bénédiction.

— Vous êtes un bon fils, Augustin, et si M. Forgerus vous entendait, il serait content de vous. »


Une odeur de tarte à la frangipane remplissait la maison des Courdimanche. On entendait un crépitement de friture, des cliquetis de porcelaine et de cristal. Quand la cuisinière embauchée pour la circonstance ouvrait la porte de la salle à manger, la table apparaissait, avec ses flambeaux allumés, ses pyramides de fruits et de mousse, sa nappe raide cassée aux coins.

Dans le salon, les fauteuils de reps vert garnis de housses au crochet étaient rangés en bel ordre. Le bronze de la pendule brillait comme un astre, entre deux bouquets de roses artificielles. Et la