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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/98

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Rouvrenoir est un village de soixante feux, bâti dans la vallée à l’endroit où les coteaux boisés s’écartent pour découvrir un morceau de plaine.

De cette commune dépendent quelques hameaux, Gariguières, Aubryotte, Morlin, Les Roches, Le Chêne-Pourpre, dispersés dans les replis du terrain, dans la forêt, sur les plateaux, sur la pente des collines. Le chemin vicinal de Hautfort-le-Vieux aux Yvelettes suit la courbe du vallon en traverse Rouvrenoir. Une tranchée artificielle coupe le haut promontoire où s’élèvent, face à face, séparées par la route, étayées par des remblais de maçonnerie, la maison d’école, à droite, et à gauche, en plein ciel, l’église…

Cette église, pauvre et belle, écrase le village, dont les plus hautes maisons n’atteignent pas au niveau de ses fondations dix fois séculaires. On aperçoit, de très loin, parmi les pins du cimetière, la masse grise du clocher, le toit de tuile brune et moussue rapiécé de tuile rose. Un escalier de pierre monte sur le côté de la tranchée, par où passent les noces et les convois. Et les gens qui flânent, sur le chemin, peuvent voir, en levant la tête, le voile des mariées flotter au soleil, là-haut, ou le drap noir des bières osciller au pas des porteurs.

À trente mètres de l’église, le presbytère occupe l’angle d’une petite place. C’est une maison assez confortable, bâtie entre cour et jardin. L’abbé Vitalis l’habitait depuis douze ans, avec sa mère, vieille paysanne aux traits durs, à l’œil méfiant, toujours mâchonnant