Page:Tinayre - La Rancon.djvu/199

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souci de votre dignité et de la mienne. Il me déplaît que vous vous fassiez faire la cour par Moritz.

— Moi, je me fais faire la cour !

— Tout le monde s’en aperçoit et Dieu sait comment on vous juge.

On ! Qui, on ? Quel est ce on qui me juge si mal ?

Il ne répondit pas. Elle eut tort de tourner la discussion en plaisanterie.

— Vous êtes jaloux, vous êtes furieux parce que Moritz me trouve jolie… Croyez-vous que j’aie envie de me défigurer pour éviter une admiration que je ne provoque pas ?…

Étienne fut blessé de l’accent ironique de la jeune femme et, de récriminations en reproches il finit par la blesser à son tour. Elle mit son chapeau, sans répondre, et s’en alla.

Chartrain eut envie de courir après elle et de lui demander pardon. Puis il songea qu’il serait beau et digne d’attendre le retour pénitent de Jacqueline et il se remit au travail. Madame Vallier ne revint pas et ni le courrier du soir, ni celui du matin n’apportèrent la lettre affectueuse et conciliatrice qu’Étienne espérait vaguement. Après un déjeuner funèbre, l’amoureux n’y tint plus.