Page:Tinayre - La Rancon.djvu/219

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— Je ne le pense pas. Croyez-vous que je serais venue, s’il avait eu besoin de mes soins ? Mais Paul est sujet aux angines et, très entêté, il refuse de voir le médecin.

— S’il était malade, Jacqueline, vous m’avertiriez.

— Certes… Si je ne puis venir à Paris d’ici quelques jours, vous recevrez une lettre.

Ils se quittèrent sur cette promesse et Jacqueline prit le train de six heures. Une pluie fine tombait. Des gazes grises descendaient du ciel bas, cachant les collines de Clamart. L’été humide s’achevait en précoce automne. Appuyée aux capitonnages du wagon, Jacqueline s’abandonnait à la demi-somnolence du voyage, une langueur lourde pesant sur ses yeux fatigués. Elle croyait entendre la toux de Paul, et un malaise qui ressemblait à un remords s’infiltrait en elle.

Vallier n’était pas à la gare. Jacqueline, rassurée, respira. Elle monta l’avenue Jacqueminot, presque déserte. Dans la vallée, Paris disparaissait sous un rideau de pluie vaporeuse. En arrivant rue Babie, la jeune femme fut surprise de ne pas y trouver le petit Jo.

— Madame Aubryot est venue, dit la femme de chambre en prenant le manteau mouillé qui enve-