Page:Tinayre - La Rancon.djvu/223

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hommes et des femmes parce que leurs cœurs se sont unis, les lois éternelles des sexes auxquelles n’échappent pas les plus forts et les plus pures. Le sommeil la prit dans cette rêverie. Quand la toux de Paul, plus rauque, plus sifflante, la fit brusquement tressaillir, le matin bleuissait les vitres derrière le tulle des rideaux. Elle courut vers le lit. Paul était blême et brûlant, les lèvres violacées dans la bouffissure de la face. L’aphonie était complète, mais le malade portait fréquemment sa main à la base du cou comme pour desserrer l’étreinte d’une serre invisible qui l’étranglait. Pendant les inspirations, un frémissement étrange simulait la fuite de l’air dans un tube étroit.

— Parle-moi ! Qu’as-tu ? Paul !… Tu es plus mal. Et ce docteur qui ne vient pas… Oh ! mon Dieu !…

Calmé, il la rassurait du geste et il prononça son nom d’une voix à peine perceptible. Jacqueline était folle de douleur. Elle ne se précisait pas elle-même, par ignorance, le nom de la maladie qui menaçait Paul, mais elle devinait que c’était, cette maladie, autre chose qu’une simple angine, un mystérieux et redoutable ennemi… Cependant la maison s’éveillait. Les domestiques marchè-