Page:Tinayre - La Rancon.djvu/58

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— Ma chambre, dit-elle… ma propre chambre de jeune fille.

— Vraiment ?

— Oui. Ces livres que vous voyez sont mes prix d’écolière, et voici, au mur, les trophées du cotillon de mon premier bal…

Tous deux s’accoudèrent à la fenêtre. Un parfum de violette tiède émanait des vêtements de Jacqueline, de ses cheveux, de sa chair. Cette odeur amoureuse qui flotte autour de la femme, l’ombre de la chambre, le mystère de la lune errant sur les trembles d’argent émurent Étienne. Il murmura :

— Comme on est bien ici. Ah ! je n’oublierai pas cette journée délicieuse…

— Vous reviendrez…

— Je n’ose m’imposer à vous, ici, dans le tête-à-tête… Il ne faut pas abuser des libertés que me donne l’amitié de Paul. Songez que les amis les plus bienveillants trouveraient étrange cette intimité. J’ai souci de votre réputation, surtout après m’être montré sévère pour Lachaume.

Jacqueline dit avec dépit :

— Comme c’est bête, les convenances. Il me serait si agréable de travailler avec vous. Comme cela m’amuserait d’aller vous surprendre dans votre ermitage.