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VI


Quand il eut fait son examen de conscience, Chartrain se persuada que tout péril immédiat était écarté. S’il était sûr d’aimer Jacqueline, il n’était pas sûr de l’aimer d’amour. Elle lui apparaissait à la fois lointaine et proche, familière à sa pensée et défendue à son désir. Quelques sophismes généreux aidant, il parvint à confondre le vœu secret de son cœur avec le consentement de sa raison et fort de ses intentions, rassuré par le souvenir d’un passé sans faiblesses, séduit par l’espoir d’un bonheur qu’il sentait mérité, il concilia des sentiments presque inconciliables.

Il ne se disait pas que sa sollicitude pour Jacqueline pouvait faire tort à l’amitié sincère qu’il