Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/175

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et je ne croyais pas, vraiment, qu’on pût trouver, dans la même femme, tant d’intelligence, d’énergie, de courage, unis à tant de grâce et de douceur… Vous avez achevé de me convertir…

— J’en suis charmée…

— Aussi je m’appliquerai à convertir les autres… J’ai pris le parti de la femme, par un sentiment de justice et par haine du pharisaïsme masculin… Je serai plus éloquent, désormais, parce que je serai plus sincère, et que je penserai à vous… Une action commune nous rapprochera… Notre amitié deviendra toujours plus haute et plus belle… car c’est une belle chose, notre amitié, n’est-ce pas ?

Josanne répondit gravement :

— Très belle…

Une grande émotion lui venait… Et pour la dominer, cette émotion qui lui mettait une chaleur inconnue dans la poitrine et des larmes dans les yeux, elle se détourna. Alors elle vit que Noël avait posé sur la table un livre et sur le livre un bouquet : des violettes de Parme, doubles et pressées, d’un mauve presque gris dans leurs feuilles tendres, les dernières de la saison. N’avait-elle pas dit, une fois, devant Noël, qu’entre toutes les fleurs elle préférait les violettes ?

— Et je ne vous ai pas remercié !… Comme vous êtes aimable de penser à moi !

Et d’une voix un peu basse, plus douce, elle ajouta :

— Il n’y a que vous…

— Je l’espère bien ! dit-il. Je suis très exclusif. Je voudrais être votre meilleur ami, votre seul ami… C’est de l’égoïsme, peut-être… Maintenant, regardez le livre, un très beau livre que vous n’avez pas lu, je