le sais, et que vous lirez, dès ce soir, et que vous aimerez comme je l’aime…
— C’est Dominique ? Vous me le prêtez ?
— Je ne vous le prête pas, je vous le donne, en souvenir de ma première visite chez vous… J’ai inscrit la date, sur la feuille de garde : « 20 mars 19… »… Et je vous ferai ainsi, de temps à autre, la surprise de quelque beau livre inconnu… C’est mon droit d’ami, mon privilège ! Et je vous révélerai beaucoup, beaucoup de choses qui enchanteront vos yeux et votre cœur…
— Mon Dieu ! fit Josanne, vous me gâterez !… Je n’y suis pas habituée, et cela me déconcerte encore… Une amitié si charmante, si belle ! Vous croyez que cela peut durer, que je ne vous ennuierai pas ?… Comment ?… Cela vous paraît tout simple ?… Pas à moi… Qui m’eût dit, il y a un an…
Elle n’acheva pas sa phrase… L’ombre du souvenir passait sur elle, et Noël en fut effleuré. Il regarda Josanne avec des yeux troublés tout à coup, embués d’émotion, et elle le sentit, non pas curieux, mais anxieux jusqu’à la souffrance.
Elle se leva.
— Maintenant, dit-elle, je vais préparer le thé. Mettez Dominique dans la bibliothèque… C’est ça, la bibliothèque… ces deux étagères, là… Il y sera en bonne compagnie, vous verrez.
Elle passa dans la pièce voisine, et Noël l’entendit remuer des tasses et des cuillers. Pensif, il examina les livres, lisant les titres tout haut :
— Manon Lescaut, les Confessions, Adolphe… Et beaucoup de Balzac… Vous aimez Balzac !… Madame