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utile à Rousseau, car elle aimait les gens de lettres. Elle les aimait en souvenir de sa jeunesse, par réaction contre l’ennui de la cour, par un désir sincère et noble — et que certains eussent trouvé « bourgeois » — de rehausser en dignité, devant une aristocratie orgueilleuse, ceux qu’on appelle aujourd’hui les « intellectuels ». Elle était de leur race et de leur monde ; et tout attachée qu’elle fût, cette ambitieuse, aux grandeurs qu’elle avait conquises et qu’elle n’eût sacrifiées à aucun prix, elle voulait que ces grandeurs fussent avantageuses à sa famille, à ses amis qu’elle ne reniait pas et aux amis de ses amis. Ce que n’avaient fait ni Montespan, ni Maintenon, elle, la fille de François Poisson, le saurait faire, pour la gloire de son royal amant et sa propre gloire de maîtresse royale. Créer des manufactures, faire éclore, sur un geste de ses jolis doigts, le petit peuple délicieux des porcelaines de Sèvres, régner sur les musées et les ateliers, exciter l’imagination des artistes, les recevoir familièrement, leur parler de leur art comme en parlent les vrais amateurs qui ont touché eux-mêmes aux crayons et aux burins ; dessiner avec des architectes les plans de Crécy et de Bellevue, diriger les décorateurs, permettre à La Tour d’ôter — pour peindre libre-