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Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/186

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LA FEMME ET SON SECRET

lorsqu’il commença avec Mme de La Fayette — plus jeune de vingt ans — une liaison d’amitié. Il n’était pas encore le goutteux, le podagre, qu’il devint par la suite. Il avait des restes de beau cavalier : les yeux noirs, les sourcils drus, les dents blanches, des cheveux bruns encore épais, la taille belle, les manières de la plus exacte civilité, surtout avec les femmes dont il goûtait extrêmement la conversation. Avec cela « quelque chose de fier et de chagrin dans la mine ». Il avait, disait-il, « renoncé aux fleurettes », et il paraissait ne plus même se souvenir qu’il avait aimé Mme de Longueville, jusqu’à en devenir un peu fou et tout à fait méchant. Il approuvait cependant les belles passions. « Elles marquent la grandeur de l’âme, et quoique dans les inquiétudes qu’elles donnent il y ait quelque chose de contraire à la sévère sagesse, elles s’accommodent si bien avec la plus austère vertu qu’on ne saurait les condamner avec justice » (Les passions qu’il a ressenties n’étaient donc pas « belles » ?) Il ajoute ceci qui donne à songer : « Moi qui connais tout ce qu’il y a de délicat et de fort dans les grands sentiments de l’amour, si jamais je viens à