M. N… est un poète délicieux, le plus modeste des hommes de talent. Il se reconnaîtra en lisant ces lignes, s’il a oublié cette histoire.
— Et que dira-t-il en te voyant ? reprend Maman. Dira-t-il que tu es propre, que tu es sage, que tu es polie ?
De cet éloge moral Lucile ne se soucie guère. Elle jette un regard complaisant sur sa robe rose, ses chaussettes blanches, ses souliers blancs ; et sûre de son « fiancé » parce qu’elle est sûre d’elle-même, elle affirme :
« Il m’adorera. »
Au même moment, le poète arrive à la porte du jardin. Il entre, salue Maman qui est encore à la fenêtre, aperçoit l’enfant dans l’allée, et s’écrie :
« Ah ! Lucile, que tu es belle ! »
Alors, sans daigner lui répondre, Lucile tourne la tête vers Maman, et avec un sourire un peu moqueur, un peu confus, un sourire de femme à femme :
« Je l’avais bien dit, qu’il m’adorerait ! »
Cette coquetterie ingénue de la petite fille