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Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/61

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l’âge ingrat

sement. Les mères auraient tort de n’y pas penser et de considérer leurs enfants comme des créatures angéliques. Elles n’auraient pas moins tort de prendre au tragique des troubles qu’il faut pourtant prendre au sérieux. L’aube de la féminité, comme toutes les aubes, se lève dans la brume. Et l’on peut s’égarer en cherchant sa route, mais le soleil levé, on voit le bon chemin. Et les « flammes » des adolescentes pâlissent dans cette grande lumière…

Je le sais. Il y a des « filles damnées » qui seront des « femmes damnées ». Il y en a peut-être plus qu’on ne croit, et moins qu’on ne le dit. Méfions-nous, à ce propos, de la contagion littéraire, de la puissance de suggestion qu’ont certains livres et certaines personnalités. Une véritable propagande s’exerce, ouvertement, depuis quelques années, pour le racolage des « amies ». À celles qui sont prédestinées par une erreur de la nature, et qu’il est difficile de juger parce qu’elles sont les « lamentables victimes » dont parle le poète, et les « âmes désordonnées » vouées au gouffre éternel, s’ajoute maintenant le troupeau des imitatrices, les snobinettes de Lesbos. Et sur ce sujet difficile, je n’en dirai pas davantage.