Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/18

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— Vous ne craignez pas la précision, mademoiselle !

— Et pourquoi la craindrais-je ? dit Laurence avec hauteur.

Le docteur Aubenas paraît déconcerté. Il salue :

— Au revoir, mademoiselle. Mes respects à madame de Préchateau… Je m’excuse de vous avoir retenue en plein air, par ce froid cruel. Un de ces jours…

La voiture s’ébranle avec un fracas de ferraille et le reste de la phrase se perd dans le vent du départ. Mademoiselle de Préchateau frissonne. Parce qu’elle s’est immobilisée un moment, le froid aigu, à travers ses habits, pénètre sa chair. Des larmes piquent ses paupières battantes ; elle sent, autour de sa tête, se nouer un câble d’acier. Tout son corps élégant et maigre résiste au besoin de se ployer, genoux rapprochés, coudes serrés, tête basse. Mais, opposant à la souffrance physique un inflexible et calme dédain, elle se remet à marcher entre les