Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/25

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toute la nuit. On ne savait comment les réchauffer. Il faut bien ménager le charbon, puisque la réserve est presque épuisée et que les wagons attendus restent en gare de Rochefort. Il neige, là-bas ; les voies sont encombrées. Que ferons-nous, dans trois jours, si le charbon manque !

Le soldat, du fond de la salle, émet quelques réflexions :

— C’est comme ça partout… À Paris, on fait la queue devant les bougnats… Et les trains ne sont plus chauffés. C’est pas commode de voyager avec des malades.

Madame Dobre prend un ton sentencieux.

— C’est la guerre, mon ami !

— Bien sûr, c’est la guerre ! répond le soldat qui semble recevoir un renseignement précieux… — C’est la guerre !

Il ne voudrait pas contredire la dame importante dont il ne mesure pas exactement le pouvoir, et il n’insiste pas davantage. L’air, tout à coup, ronfle dans le poêle ; une lueur pourpre s’élargit sur le carreau noir et blanc, et Lau-