Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/28

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d’images, comme le corps est prisonnier du lit ; une intelligence anormale, inquiétante, dangereusement développée en profondeur.

Jacob, Vanot, Massier, Pierquin, douloureuse élite de ce petit monde douloureux ! Ce sont les favoris de Laurence : Vanot — ainsi nommé par une contraction fantaisiste de son nom flamand, — épave rejetée par le remous de l’exode belge, au début de la guerre ; Massier, pupille de l’Assistance publique, sournois et fin, étrangement aristocratique par ses goûts et ses dégoûts ; Pierquin, fruit avorté d’une souche populaire, plus ridé à neuf ans qu’un vieillard ; et ce fils d’un pauvre ouvrier juif, sorti d’un ghetto de Pologne, Jacob, âgé de quatre ans, roux comme un renard, avec des yeux roux, des cils, roux, et des chairs plus pâles qu’une bougie neuve.

— Ah ! vos quatre chéris, parlons-en ! dit la Major, excitée par les questions de Laurence. Vanot est geignard, boudeur et têtu ; Massier ne prononce pas deux phrases sans y mettre un mensonge ; quant à Jacob…