Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/46

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Nulle crainte de l’avenir ; il sera ce qu’est le présent — avec un peu plus de solitude à peine… Nul regret du passé : il fut ce qu’est le présent — avec un peu moins de solitude, à peine…

Enfant, Laurence attendit de vivre, dans un couvent de Périgueux, pendant que son père naviguait et que sa mère, la « belle madame de Préchateau », régnait, à Rochefort, sur le petit monde maritime. Quand elle venait, pour les vacances, dans la Grande-Ile, elle ne soupçonnait pas qu’elle devrait s’y fixer un jour, et vieillir là sans avoir vécu… Comme elle aimait la forêt, et comme ses pieds étaient légers sur le sable, lorsqu’elle courait, en plein midi, sans chapeau, les reins battus par sa tresse noire ! Alors, le ciel et la mer, la dune stérile, les jardins en fleur, — et la vie, à l’horizon de l’enfance ! — apparaissaient dans cette brume lumineuse et bleue, dans ce doux ensoleillement que la jeunesse répand sur le monde et dans les âmes…

Et puis, le père mort, la mère veuve et