Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/92

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» Ma résolution paraissait bien solide encore, l’autre jour, quand j’arrivai ici.

» Les mêmes affaires qui avaient nécessité ma présence, en 1913, se sont terriblement compliquées depuis la guerre. Je dus, à la prière de ma famille, aller voir un de nos cousins, espèce de paysan très âgé, presque impotent, qui habite un bourg de la côte. Quand la visite fut faite, il me restait une demi-journée à perdre, avant de reprendre le train. Pour me libérer d’une compagnie qui me pesait, je manifestai le désir d’une promenade à pied, dans la campagne.

» Le pays n’a rien de particulièrement beau. Je tâchais de m’émouvoir avec des souvenirs littéraires. Fromentin a décrit ces paysages de Saintonge et d’Aunis, ce ciel vaporeux, ces prairies, ces arbres pâles et légers, cette terre humide où le limon rejoint le sable, où le sable se mêle d’eau marine, où tous les éléments se pénètrent et se fondent, comme au bas pays hollandais. Mais le paysage était pétrifié sous un vent glacial. Il ne répondait à aucune de