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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

remplit d’orgueil, de respect, de joie. Rangés sur deux lignes — les hommes devant les femmes très en arrière — ils le regardent s’avancer. Le chef parle le premier, remercie, présente sa troupe, dans un dialecte assez rude, puis il nous tend la main, à tous, avec dignité. C’est un homme de soixante ans, large d’épaules, étroit des hanches, les jambes longues et nerveuses, les bras sculptés de beaux muscles saillants, et qui tendrait sans effort l’arc d’Ulysse. Il tient une grande houlette recourbée comme un sceptre. Ses hommes, — presque tous parents, — ont une magnifique allure, avec leur courte veste de drap brodé, leur culotte bouffante cachée par une sorte de jupe en drap blanchâtre, fendue par devant et tout ornée de galons noirs ; leur large ceinture de cuir, leurs jambières de feutre, leurs sandales. Quelques-uns portent des cafetans en grosse laine, pareils à ceux que les laveuses étendaient sur la prairie. Tous ont un lambeau d’indienne entortillé en turban.

Ils sont très calmes, très graves ; les plus