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D’UN NOUVEAU RÈGNE

pas le moindre voile, elle peut remercier Allah de sa chance !

M. Bareille porte le fez, mais M. Paul Belon, en chapeau de feutre, était aussi scandaleux que moi. Nous couronnâmes notre expédition en franchissant le seuil de la mosquée. Le petit hodja tenait le rideau de cuir, et les Saloniciens impassibles veillaient derrière nous. Elle n’a rien de spécialement admirable, cette mosquée, — mais c’est la mosquée d’Eyoub ! Cependant M. Bareille, qui observait les visages des fidèles et qui comprenait leurs réflexions, nous a dit vivement :

— Ça suffit. Il est temps de partir. L’heure de la prière est venue. Le muezzin chante, et les fanatiques vont se fâcher…

Ah ! comme j’étais ravie ! Backchich au hodja, backchich aux gendarmes ! Voilà les dévots qui arrivent, très graves, enturbannés, barbus, habillés de ces robes de chambre en soie rayée et piquée qui font de si jolies taches de couleurs vives. Et il y a des dames toutes noires, et des pauvresses toutes déchirées, et