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LA VIE AU HAREM

fessionnels. Quand il constata que sa bourse était complètement vide, l’instruction solide qu’il avait reçue lui permit d’obtenir un poste important aux émoluments mensuels de cent livres turques, soit 2.300 francs. » C’est plaisir de se ruiner dans ces conditions-là !

La petite Bédia, élevée par ce distingué fonctionnaire, devient une violoniste et une psaltériste merveilleuse. Et Fatmé Alié dit, avec une grâce exquise, les premières impressions de la fillette musicienne. Le père raconte à l’enfant l’histoire des instruments et leur légende, et tous deux, improvisant pour leur plaisir, oublient jusqu’aux heures des repas. La musique est comme un aliment nécessaire à leur âme.

Mais il est un autre aliment nécessaire à Nasmi bey. L’excellent père, le musicien passionné, a un faible pour les boissons fortes. Il est vrai qu’il « sauve la face » et boit tout seul, dans le secret du sélamlik. Or, son fils aîné Chémi, qui est lui-même marié et père, est aussi enclin à la boisson. Et Nasmi bey,